Un sentier de vélo de montagne écoresponsable

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L’arrivée du vélo de montagne au Mont-Orford suscite beaucoup d’enthousiasme ! Les adeptes du sport sont heureux de retrouver un nouveau réseau dans la région. Étant situé au cœur du parc national du Mont-Orford, nous avons le devoir de créer ces nouveaux aménagements en respectant notre environnement.

Afin de répondre à vos interrogations, on se pose aussi la question : comment construit-on des sentiers de vélo de montagne de façon écoresponsable ? Suivez nos différents experts qui vous donneront plusieurs détails ! 

Avant d'entamer le projet : la caractérisation

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Comme plusieurs adeptes le savent, le territoire de la station de ski du Mont-Orford est un territoire sous bail, à l’intérieur du parc national du Mont-Orford. Avant d’apporter des changements, ajouts ou modifications au territoire, nous devons respecter le patrimoine naturel et faire diverses demandes d’autorisation afin que notre pratique soit encadrée.

Cela commence inévitablement par la caractérisation du territoire pour y identifier de façon précise les milieux hydriques et humides, ainsi que les zones sensibles liées à la faune et la flore. Un procédé qui doit être approuvé par le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

Le vélo de montagne est un sport magnifique pour faire la découverte d’un milieu naturel, mais il faut être conscient de son impact sur l’environnement. C’est pourquoi l’étape de la caractérisation est primordiale.

Un travail que nos voisins du Parc national ont eux aussi réalisé avant de développer leur propre réseau de vélo de montagne. « L’objectif est d’avoir un portrait complet du territoire et ainsi se demander si notre projet ou nos ajouts d’infrastructures peuvent vivre en harmonie avec l’écosystème et s’assurer qu’il n’en souffrira pas », explique François-Xavier Regnault, responsable infrastructures au Parc National du Mont-Orford.

Du côté de Sentiers de l’Est, c’est également la première étape du projet. « À la suite de la caractérisation nous pouvons effectuer le balisage préliminaire sur le terrain tout en considérant les contraintes soulevées. Une fois l’approbation de cette première étape, nous avons ensuite une certaine marge de manœuvre de chaque côté des balises pour créer nos tracés finaux. Notre zone d'aménagement est donc clairement délimitée, ce qui assure que notre planification et nos interventions respectent pleinement l'écosystème environnant », précise Vincent Gauthier, chargé de projet et co-propriétaire de Sentiers de l’Est.

L'aménagement des sentiers

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Une fois la caractérisation approuvée par le Ministère, c’est là que nous pouvons venir dessiner concrètement nos sentiers et s’assurer qu’ils seront élaborés en respectant le territoire.

« La majorité de nos employés ont une formation en foresterie, explique Hugues Fournel, directeur général de Sentiers Boréals. On est très méticuleux quand vient le temps d’élaborer des sentiers parce qu’on veut qu’il y ait une belle harmonisation avec la nature. On a une sensibilité à cet égard et on comprend les enjeux. »

Voici quelques éléments à prendre en considération lors de l’aménagement : 

  1. Gestion de l’eau et prévention de l’érosion
  2. Gestion du déboisement et de l’élagage
  3. Utilisation de matériaux durables 

Gestion de l'eau et prévenir l'érosion

Pour tous nos intervenants, la gestion de l’eau revient comme étant l’un des éléments les plus importants à considérer pour la durabilité des sentiers et de l’écosystème. Nous définissons un plan de contrôle avec des fossés de drainage, des ponceaux et des barrières d'eau pour prévenir l'érosion et la saturation des sols. 

Nous assurons une bande de protection riveraine de 10 à 20 mètres autour des cours d’eau permanents ou intermittents. « Des règles bien connues dans la construction des sentiers sont respectées, ccomme l’adoucissement de l’angle du ’bench cut' avec des pentes douces d’environ 45° sur les côtés excavés, plutôt qu'en angle droit. Le tout en gardant une inclinaison extérieure de la partie roulante du sentier d’environ 5%, afin que l’eau ruisselle et s’écoule, sans rester emprisonnée dans le sentier », ajoute Vincent Gauthier. Ils évitent également de construire les sentiers en ligne droite dans la pente pour prévenir l'érosion à long terme, en favorisant des pourcentages de pente faibles, généralement entre 5% et 10% selon la difficulté du sentier (certaines conditions s’appliquent, bien sûr).

De manière générale, on va éviter le plus possible de traverser les cours d’eau ou sinon, on le fait aux endroits les plus étroits avec des ponceaux. « Un ponceau est beaucoup plus durable qu’une passerelle et permet de drainer l'eau de façon adéquate. C’est beaucoup plus durable de travailler avec la nature plutôt que d’ajouter une nouvelle structure », précise Hugues Fournel.

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Gestion du déboisement et élagage

L’étape du déboisement et de l’élagage est inévitable dans l’aménagement de sentiers, quoi que les équipes tentent de s’en tenir au strict minimum, sans couper d’arbres matures et même en utilisant les éléments qu’on y retrouve déjà pour ajouter à l’esthétique du sentier !

L’avantage que nous avons au Mont-Orford, c’est que les pistes de vélo se retrouvent dans des pistes de ski ou des sous-bois pour lesquels nous avons déjà un travail d’entretien d’élagage approuvé et fait annuellement. La déboisement supplémentaire sera donc minimal.

« Chez Sentier de l’Est, on fait du déboisement par section plutôt que de couper à l’avance selon le tracé dessiné, raconte Vincent Gauthier. Ça nous permet de s’adapter aux surprises du terrain comme des caps de roche dissimulés et aussi à s'adapter à la vitesse réelle du sentier, évitant ainsi le déboisement inutile. »

« Du côté du Parc national, on ne fait pas de déboisement de gros volume entre la mi-juin et la fin août puisqu’il s’agit d’une période de nidification importante. Également, notre règle interne précise que le déboisement cible uniquement les arbres de petite taille, soit moins de 12 cm de diamètre à hauteur de poitrine. », explique François-Xavier. Une nouvelle norme du côté du Parc empêche même la coupe d’arbres morts (chicots), car ils sont considérés comme des habitats importants pour les grands pics et les polatouches. 

Après un déboisement intelligent, la matière organique est souvent retirée pour atteindre le sol minéral, rendant la surface de roulement moins absorbante et offrant une meilleure adhérence. Lorsque c’est nécessaire, des fossés sont profilés en forme de V et situés en amont des sentiers avec une profondeur maximale de 300 mm. C’est donc un aménagement de surface de faible volume qui draine rapidement l’eau. 

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Utilisation de matériaux durables

Tous les ponts et les passerelles au sol et multi-usages sont construits avec des matériaux durables, en privilégiant le bois naturel qui est plus résistant à la pourriture (exemple, le bois de pruche ou de cèdre). « Le bois d’ingénierie et le bois traité sont proscrits de la pratique d’aménagement ! La plupart de nos bases de structures sont en aluminium, c'est un matériau qui offre une meilleure durabilité que le bois et qui est beaucoup plus léger. Ça nous aide considérablement lors de l'installation des ponts et passerelles», ajoute Vincent Gauthier.

Cela va même jusqu’à l’utilisation de notre machinerie où une utilisation d’huile hydraulique biodégradable est utilisée pour les équipements lourds et une huile végétale pour les scies à chaîne.

Plan d'entretien à court et long terme

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Souhaitant que tous les usagers, débutants comme experts, profitent des sentiers à long terme et à chaque saison, l’entretien va également en ce sens. Il va de soi que chaque utilisateur puisse profiter de son sentier dans les meilleures conditions possibles et surtout, adapté à son calibre. 

« Au printemps, c’est important d’aller analyser que l'eau s'écoule à la bonne plage et que les sorties d'eau ne sont pas obstruées par les feuilles, les roches ou les sédiments. Certains écoulements ne peuvent pas être détectés en été lors de la construction ou peuvent changer en cours de saison. Et à l’automne, on s’assure toujours de retirer les feuilles de sentiers. Ça permet aux sentiers de sécher plus rapidement au printemps et ça nous assure aussi que les sorties d’eau sont bien dégagées », mentionne Vincent Gauthier. 

Autrement, les utilisateurs ont aussi un rôle à jouer ! Ils peuvent être d’excellents indicateurs s’il y a des anomalies dans un sentier, si un élément est brisé ou s’il y a un danger. Plutôt que de faire un petit commentaire sur les médias sociaux, écrivez-nous et nos équipes seront heureuses d’apprendre ce qui peut être amélioré !

Les bonnes pratiques chez les utilisateurs

En tant qu’utilisateur, nous avons tous un rôle à jouer dans le volet écoresponsable des lieux que nous fréquentons. Le Mont-Orford est d’ailleurs membre de Sans trace Canada que plusieurs connaissent bien ! Saviez-vous que ces sept principes se transposent également en vélo de montagne ? On vous invite à lire cet article qui vous en dira davantage.

Également, du côté de notre partenaire la Sépaqcet article vous renseigne sur les codes de conduite écoresponsables en vélo de montagne. Vélo Québec est d’ailleurs une ressource très efficace pour vous donner de bons conseils, comme cette vidéo qui vous indique quoi faire quand un sentier est boueux ou qu’il pleut, ou encore celle-ci qui vous rappelle les bons gestes à adopter en sentier.

« Gardez en tête que si un sentier est conçu d'une certaine manière, c'est qu'il y a une raison bien précise ! Il est essentiel de s'en tenir au tracé existant. Chaque section a été pensée dans une optique de respect des écosystèmes, de durabilité et de conformité des normes de l’industrie », rappelle Vincent Gauthier de Sentiers de l'Est.

La préservation des milieux naturels est notre responsabilité à chacun ! Afin qu’on puisse continuer de profiter de notre belle montagne, on vous remercie de faire partie de ce mouvement et de poser des gestes écoresponsables lors de votre visite.